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Les éditions de la rue Dorion

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  • La puissance féministe
  • La puissance féministe

    ou le désir de tout changer

  • Verónica Gago

  • Préface de Silvia Federici

  • Épilogue de Collages Féminicides Montréal

  • Traduction de Léa Nicolas-Teboul

  • 344 pages

  • Parution le 12 mai 2021

  • Format Format poche (17 x 12 cm)

  • ISBN : 978-2-924834-16-9

  • Prix : 22.95 $

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L’Amérique latine est un des cœurs battants du féminisme contemporain. Des millions de femmes y prennent la rue contre les féminicides, les violences qui frappent les minorités de race et de genre, les lois qui répriment l’avortement et le développement néo-extractiviste. Figure majeure du féminisme latino-américain, Verónica Gago réinscrit ces bouleversements dans l’émergence d’une internationale féministe et propose, avec La puissance féministe, un antidote à tous les discours de culpabilité et de victimisation. En se réappropriant l’arme classique de la grève, en construisant un féminisme populaire, radical et inclusif, les mouvements latino-américains ont initié une véritable révolution. C’est à partir de l’expérience de ces luttes que Gago reconceptualise la question du travail domestique et de la reproduction sociale, expose les limites du populisme de gauche et dialogue avec Spinoza, Marx, Luxemburg ou Federici. Parce qu’il unit la verve politique du manifeste aux ambitions conceptuelles de la théorie, La puissance féministe est un livre majeur pour saisir la portée internationale des féminismes aujourd’hui.

Verónica Gago, théoricienne et activiste, et l’une des fondatrices du collectif féministe Ni Una Menos (Pas une de moins) et enseigne les sciences sociales à l’université de Buenos Aires et à l’université nationale de San Martín. Elle a notamment fait paraître Économies populaires et luttes féministes. Résister au néolibéralisme en Amérique du Sud (Raisons d’Agir, 2020).

Territoire de grands conflits sociaux, l’Amérique latine est aussi le lieu de grandes luttes féministes. L’Argentine Verónica Gago, importante figure du fémi nisme latino-américain et du mouvement Ni una menos (Pas une de moins) se propose de brosser le portrait des grèves de femmes dans leur dimension offensive aussi bien que théorique. Dans un manifeste au ton vigoureux, elle montre la capacité du mouvement féministe à saisir à bras le corps les luttes anticapitalistes, anticoloniales et antipatriarcales. Silvia Frederici souligne d’ailleurs, en introduction, cette triple perspective du féminisme latino-américain qui devient, selon elle, la locomotive inclusive de toutes ces luttes qui l’animent et qui lui font prendre la rue et s’organiser.

Le programme féministe tel que présenté par Gago considère la grève sous deux angles. D’abord, celle-ci repose sur une analyse de la condition des femmes. L’auteure montre que le combat contre l’invisibilisation a comme corolaire le combat contre la précarité ainsi qu’une politisation de la souffrance. Ensuite, d’un point de vue pratique, la grève renouvelle la puissance de la lutte féministe en repoussant le stéréotype du gréviste masculin et blanc, et en déplaçant les enjeux sociaux sur les territoires des femmes.

Partant de ce constat, l’argument se déploie à travers les chapitres comme autant de programmes à la fois pratiques et critiques. L’auteure aborde entre autres le rapport entre la violence et l’accumulation capitaliste. Le concept de “corps-territoire” est aussi mis en lien avec les luttes anti-extractivistes. Elle explore ensuite le territoire transversal d’une Internationale féministe. En filigrane, Gago procède à une réappropriation féministe de diverses théories, de Marx à Luxemburg, à la fois dans le discours et dans l’action.

Ainsi, au spectre du communisme, brandi ironiquement par Marx, Gago répond en agitant le spectre du féminisme. La levée de boucliers que suscite la puissance féministe et la contre-offensive des forces réactionnaires ne doivent pas faire oublier leur aspect réactif ni le fait que la lutte féministe les précède. Dans ce sens, il importe de considérer que la lutte des femmes est constituante, qu’elle est une “force d’insubordination”. Mais l’on se doit aussi de comprendre qu’elle représente une menace et une atteinte à l’ordre social et qu’elle aura comme principal ennemi l’Église. Faut-il s’en surprendre?

En épilogue, le collectif Collages féminicides Montréal, dont l’action consiste à placarder des slogans féministes sur les murs de la ville, explique de quelle manière il s’inscrit aussi dans la reconquête féministe de l’espace et du temps. La démarche de ces femmes vise à s’approprier la rue et la nuit, généralement réservées aux hommes. Ce faisant, le collectif adopte les mots de Gago: “Nous prenons la rue et nous en faisons notre maison”. On ne saurait trouver meilleure synthèse à la grève des femmes telle que Verónica Gago nous la présente et la défend.

Isabelle Larrivée

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